Goût, conservation... Manger bio, un gage de qualité ?
Goût, conservation... Manger bio, un gage de qualité ?
[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #11 : Tout savoir sur l'alimentation bio, réalisé par ID L'Info Durable]
Pour les consommateurs et consommatrices, manger bio est associé à l’assurance d’un produit de qualité, au bon goût. Selon une étude de l’Agence Bio parue en 2020, il s’agit du deuxième avantage attribué par les sondés à l’alimentation biologique, derrière le fait de pouvoir "préserver sa santé".
Si l’on est toujours à peu près sûr que l’agriculture biologique garantit un mode de production respectueux de l’environnement, de la biodiversité, des animaux, ses qualités gustatives en revanche ne sont pourtant pas prouvées. "Aucune garantie de qualité gustative n’est actuellement associée aux produits biologiques", assure l’Agence Bio.
La Commission européenne précise à son tour qu’aucune étude scientifique n’a pour l’heure pu démontrer cette croyance. Le goût d’un produit, bio ou non, dépendrait en fait "du respect de la saisonnalité, et, comme pour tous les produits, des talents de l’artisan, du préparateur ou du cuisinier". Pour s’assurer un produit savoureux, il faudrait ainsi se tourner vers des aliments bruts, de terroir, de saison... Ou encore, pour la catégorie transformée, ceux ayant des listes d’ingrédients restreintes, simples et lisibles.
Plusieurs applications existent aujourd’hui pour décrypter les compositions des produits – alimentaires ou pas – directement en rayon, en scannant simplement leur code-barres. Elles scrutent les ingrédients indésirables et proposent des alternatives plus saines. Yuka, Open Food Facts, Kwalito par exemple... L’application BuyOrNot pour sa part délivre des informations quant à l’impact environnement du produit, son processus de fabrication...
🍎 Consulter le calendrier des fruits et légumes de saison d'ID L'info durable.
Le bio est-il toujours une balise pour les consommateurs et consommatrices qui veulent à la fois mieux manger, tout en pensant à l’impact de l’alimentation ?
Oui, car le label jouit d’une très forte notoriété auprès des consommateurs et globalement d’une bonne, voire d’une très bonne, image. Pour autant, il me semble nécessaire de le remettre à sa juste place et d’user d’une grande pédagogie vulgarisatrice à son sujet : il y a un fossé important, pour ne pas dire énorme, entre les exigences techniques et réglementaires qu’impose le label bio et les promesses, presque l’utopie, qu’on lui prête.
Le respect de la ressource en eau, la préservation des sols, de la biodiversité, la sobriété énergétique des exploitations agricoles, leur viabilité économique, les conditions de travail sont autant de sujets que le référentiel permettant d’obtenir le label bio n’exige pas à ses prétendants. Dans la tête de beaucoup, et pas que de consommateurs, c’est binaire : bio/pas bio, et par là même bio = bon, pas bio = pas bon. C’est réducteur. Les producteurs ont un métier tellement plus complexe et riche que cette ‘simple’ distinction. Que le bio soit une balise utile pour les consommateurs, bien sûr, mais de manière juste, raisonnée et raisonnable.
Quid de la conservation des produits ?
En excluant les produits bio proposés en vrac, la question de l’emballage de ceux-ci s’impose. Avec du plastique ou du carton, ils sont encore peu proposés "nus". Est-ce pour assurer une meilleure conservation dans les rayons ? Assurément. Les fruits et légumes cultivés sans produits de synthèse ayant tendance à s’abîmer plus vite, les produits transformés ayant tendance à être exempts de tout conservateur indésirable.
Mais, note l’ADEME, il s’agit également dans les commerces généralistes de "questions réglementaires, afin de préserver la traçabilité et éviter le mélange avec les ‘non bio’". Selon l’Agence, les produits proposés dans les enseignes spécialisées sont pour leur part présentés sans emballage.
Dans l’Hexagone, le gaspillage alimentaire au sein des ménages représente 30 kg par an et par personne, soit l’équivalent d’un repas par semaine, estime encore l’ADEME. En outre, 7 kg jetés ne seraient même pas déballés. Des pertes qui valent cher : en moyenne 100 euros par an et par personne.
En pratique, comment réduire le gaspillage ?
👉 5 idées pour éviter le gaspillage alimentaire
Dans son guide "Manger mieux, gaspiller moins", l’ADEME avance plusieurs pistes. Parmi les bons gestes à mettre en place, lire correctement les dates de consommation, ranger intelligemment son frigo et ses placards... Autre réflexe à adopter : l’Agence préconise par exemple de s’affranchir de ces dits emballages, souvent superflus, en privilégiant les produits en vrac. Au-delà de la réduction des déchets qu’induit indéniablement cette pratique, elle permet également d’acheter en plus juste quantité.
DLC, ou date limite de consommation : celle-ci "s’applique à des produits qui peuvent, après une courte période, présenter un danger pour la santé", rappelle l’ADEME.
DDM, ou date de durabilité minimale : là, il s’agit de produits jouissant d’une conservation plus longue, "présentant une faible teneur en eau ou stérilisés". En bref, ils peuvent être consommés sans danger au-delà de la date, mais risquent de perdre quelques "qualités gustatives".
👉 Lire notre article : DLC, DMM : comment décrypter les dates de péremption ?
Bien ranger ses aliments au frigo
La conservation de ses produits, outre la réduction évidente du gaspillage alimentaire, permet également selon l’application spécialisée Too Good To Go, de "se prémunir de contaminations par des micro-organismes", mais également de "préserver les qualités nutritionnelles et organoleptiques des aliments".
Lorsque l’on fait ses courses, attention à la chaîne du froid. L’ADEME recommande de :
Faire les choses "dans l’ordre". "En premier les produits d’épicerie, conserves, fruits et légumes, ensuite les produits au rayon frais et pour finir, les surgelés".
Lorsque l’on range ses courses à la maison, il faudra tout faire dans le sens inverse.
Pour ranger correctement son réfrigérateur, l’ADEME recommande de :
"Emballer les denrées ou recouvrir les plats avant de les ranger".
Placer "devant les denrées à consommer rapidement".
Lorsque l’on ouvre un nouveau produit, "noter sur l’emballage la date d’ouverture"...
Côté températures, les surgelés doivent être conservés à -18°C ; la viande, poisson, charcuterie, fromages frais, crèmes, yaourts, desserts, jus de fruits, produits entamés ou en cours de décongélation entre 0 et 4°C ; les aliments cuits, faits maison entre 4 et 6°C.
Bien sûr, lorsqu’un aliment approche de sa date de péremption, il est aussi possible de le congeler – attention en revanche, on ne recongèlera jamais un produit décongelé. Enfin, un frigo mal rangé et surchargé sera non seulement plus énergivore, mais également moins efficace et pourrait ainsi moins bien conserver les aliments.
Les fruits et légumes, au frigo ou pas ?
Côté fruits, il en existe deux types et ces dimensions sont à prendre en compte pour les ranger à leur juste place. Les fruits dits "climactériques" continuent à mûrir après avoir été cueillis. On parle par exemple des abricots, des pommes... Là, on pourra les conserver dans un bac à fruits à l’extérieur, à température ambiante. Attention toutefois si l’un d’entre eux est trop mûr ou commence à se dégrader, il pourrait contaminer les autres.
Les fruits dits "non-climactériques" pour leur part ne mûrissent plus une fois cueillis. Il s’agit notamment des fraises, du raisin... Il faudra bien séparer ces deux catégories pour les conserver au mieux. Si certains sont trop mûrs ou trop fragiles, il est donc préférable de les placer au réfrigérateur, dans le bac qui leur est réservé.
Pour les légumes, certains préfèrent l’air libre et la température ambiante. Pour eux aussi, il faudra faire attention à les séparer des fruits qui continuent à mûrir. Courges, oignons, ails, pommes de terre par exemple trouveront leur place à l’extérieur du frigo, à température ambiante dans un endroit sec et à l’abri de la lumière.