Vrac, consigne, commerces de proximité... Halte aux emballages !
Vrac, consigne, commerces de proximité... Halte aux emballages !
[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #6 : Se mettre (vraiment) au zéro déchet : mode d'emploi, réalisé par ID L'Info Durable.]
Les rayons de supermarchés fourmillent de plastiques et de produits suremballés. Si certains sont présentés comme nécessaires pour des questions d’hygiène et de conservation des aliments, d’autres sont en fait plutôt superflus. Trois pommes emballées sous vide, un assortiment de fromages sur un plateau en polystyrène ou encore un paquet de gâteaux en carton renfermant des sachets individuels en plastique... Ces dernières années, les initiatives citoyennes se multiplient pour dénoncer ce que certains considèrent comme des aberrations. À l’image des opérations de "Plastic Attack" nées outre-Manche en 2018 - qui consistent à se débarrasser de tous les emballages de ses courses au passage en caisse -, ou encore du défi "Février sans supermarché" - un mois sans se rendre dans une grande surface en privilégiant les commerces de proximité.
En septembre 2020, une étude du cabinet Nielson pour le Réseau Vrac faisait part de l’intérêt des Français pour l’achat sans emballage. Alors qu’en 2019, 40 % des sondés disaient acheter en vrac, ce comportement d’achat a bien résisté en 2020 malgré la crise sanitaire et sa croissance a grimpé de trois points. Mais outre cet intérêt montant, quelques freins subsistent selon l’étude, parmi lesquels le prix, l’hygiène ou la praticité de l’achat en vrac.
L’argument de la conservation des aliments est "souvent avancé par le secteur de l’agroalimentaire pour justifier le recours à l’emballage plastique à usage unique", soutient l’association Zero Waste France. Pourtant, une étude commune avec Les Amis de la Terre, publiée en 2018, révèle qu’il n’est "pas possible d’affirmer (…) que les emballages plastiques permettent de réduire le gaspillage alimentaire. Bien au contraire, depuis les années 50, les déchet plastiques et le gaspillage alimentaire ont augmenté de manière concomitante".
L’achat en vrac coûte-t-il plus cher ?
La réponse est complexe. Dans une étude de 2012, l’Agence de la Transition écologique (ADEME) estimait que les économies faites sur les produits en vrac pouvaient être de l’ordre de 10 à 45 %. Cependant, l’ADEME pointait à l’époque le manque de "transparence" au sein de la filière, "pour pouvoir argumenter de manière certaine sur l’intérêt économique et le coût réel de la mise en place du vrac pour les fabricants et les distributeurs (notamment les coûts additionnels de conditionnement, de main d’œuvre, de production...)".
Aujourd’hui, il est encore difficile pour le consommateur de se faire une idée réelle des prix pratiqués, dépendant en fait des produits achetés, de leur qualité, des tarifs fixés par les différentes enseignes... Logiquement, l’achat en vrac par rapport à un produit similaire et de qualité équivalente mais emballé, s’avère moins cher : main d’œuvre et matière première en moins oblige. Une étude, publiée dans Le Parisien en 2020, affirmait d’ailleurs que les coûts d’achat de produits biologiques étaient globalement moins chers en vrac qu’emballés.
N’en reste pas moins que le prix affiché sur la facture peut parfois s’avérer équivalent, voire plus cher. On peut alors expliquer cet aspect par le fait que les aliments vendus en vrac sont souvent de qualité supérieure, bios ou plus "rares" que ceux que l’on peut trouver dans les rayons classiques. Donc plus chers. En outre, l’achat en vrac dans son ensemble permettrait tout de même des économies.
Les avantages de l’achat en vrac :
Moins de gaspillage
Et donc effectivement des économies. Le vrac permet d’acheter ses produits en juste quantité. 250 grammes des champignons de Paris frais emballés sous vide, alors que vous n’avez besoin que de 200 grammes pour votre recette... Les pommes de terre achetées au kilo qui finissent par germer... En achetant ces produits sans aucun emballage, on ajuste ainsi les quantités.
Moins de déchets
À court, moyen et long terme, le volume de sa poubelle diminuera sensiblement. Difficile en revanche de chiffrer ces économies puisque cela dépend des habitudes de consommation de chacun. Pour l’heure, aucune étude sur la question n’a permis de mesurer concrètement ces économies.
Bien s’équiper pour des courses zéro déchet : les indispensables
Des bocaux en verre
Trois, quatre, cinq contenants ou plus, selon ses besoins. Ils serviront à ranger les produits secs comme le riz, les pâtes, la farine, le café...
Des tupperwares
Pour y mettre sa pièce de viande par exemple, ou son poisson. Ou encore son plat à emporter chez le traiteur... Et de préférence en verre !
Des bouteilles hermétiques
En verre ou en métal, elles peuvent servir à remplir son panier de produits liquides : huile, lessive, shampooing...
Un sac en filet
Il est utile pour les fruits et légumes, notamment ceux de plus grandes tailles : oranges, oignons, pommes de terre...
Un tote bag
En guise de sac de courses tout simplement, plutôt que d’acheter ceux à vendre en caisse.
Des petits sacs individuels en tissu
Ceux-ci peuvent être utiles pour les plus petits aliments comme, par exemple, les champignons, le raisin, ou encore le pain tranché, ou les amandes...
Il n’est pas utile de posséder des dizaines de tote bags ou de tupperwares si l’on n’en utilise pas la moitié. L’impact de ces objets qui ne serviraient pas pourrait même s’avérer négatif sur l’ensemble de leur cycle de vie. En revanche, on peut par exemple laisser un tote bag sur son lieu de travail qui peut être utile lors de sa pause déj’. Enfin, si l’on n’est pas encore équipé de tous ces accessoires, on peut aussi trouver de quoi faire l’affaire au fond de ses placards : réutiliser des sacs de congélation, les sacs en papier des dernières courses, etc.
Quels produits peut-on acheter sans emballage ?
Certains produits sont plus ou moins faciles à trouver en vrac. Voilà d’ailleurs des années que certains sont achetés "nus". Acheter sa pièce de viande au détail chez le boucher par exemple, permettra d’économiser la barquette en polystyrène et le film plastique de celle vendue au supermarché.
Il s’agit alors de refuser le papier auprès du vendeur et de lui demander de mettre directement ses achats dans son tupperware. Même chanson chez le poissonnier ou le fromager, par exemple.
Côté fruits et légumes aussi, que l’on se fournisse chez le primeur du coin ou dans une grande surface, ceux-ci sont le plus souvent présentés à la vente en vrac. On évite dans ce cas de se servir des sacs en papier – ou en plastique – en libre-service et l’on privilégie ses propres sacs en tissu.
Ensuite, on trouvera facilement des céréales, des bonbons ou des olives, par exemple, présentés dans des distributeurs en vrac. Et ce, depuis de nombreuses années. Pâtes, riz, ou légumineuses sont aussi de plus en plus courants dans ces rayons de même que les épices, la farine ou encore le sucre... On se sert alors, équipé de ses bocaux en verre (en pensant bien sûr à bien se laver les mains avant, crise sanitaire ou pas).
Enfin bien qu’un peu moins répandus, on peut aussi trouver des produits liquides comme de l’huile, du vinaigre ou du lait. Il existe même du beurre en vrac.
Du côté de la salle de bains, pour réduire ses déchets, on peut s’essayer aux produits solides : savon, shampooing, dentifrice, déodorant... Ceux-ci seront toujours moins emballés que leur équivalent classique. Aujourd’hui, il existe aussi du vrac dans les cosmétiques : on peut y trouver de la crème, du savon ou même du mascara par exemple.
Jusqu’à il y a peu, un vide juridique entourait cette pratique et nombre de consommateurs équipés de leurs propres contenants se voyaient refuser leur demande. Cependant, la loi anti-gaspillage adoptée en février 2020 a quelque peu clarifié la réglementation. Elle dispose que "tout consommateur final peut demander à être servi dans un contenant apporté par ses soins, dans la mesure où ce dernier est visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté. Un affichage en magasin informe le consommateur final sur les règles de nettoyage et d’aptitude des contenants réutilisables". Attention, le commerçant pourra tout de même refuser la pratique si votre contenant s’avère "sale ou inadapté".
Comment bien conserver ses produits ?
Si certains sont pour le moins absurdes, d’autres ont tout de même une utilité : les emballages servent le plus souvent à bien conserver les aliments depuis leur conditionnement jusqu’à la mise en rayon. Quelques pistes pour bien conserver ses produits sans emballage...
Choisir le bon contenant
Le verre est idéal puisqu’il se lave facilement, n’absorbe pas les odeurs et n’altère pas la qualité du produit. L’inox fait aussi l’affaire et peut se révéler moins fragile à la manipulation. Il n’est en revanche pas produit en France... Quant au plastique, qui peut s’avérer nocif pour la santé, il est à éviter afin de ne pas altérer la qualité du produit. Enfin, quelle que soit la matière, attention à choisir des contenants bien hermétiques !
Noter la durée de conservation
Puisqu’il est impossible de se référer à l’étiquette pour les aliments vendus en vrac, il peut être bien utile de noter sur son contenant une date repère. Par exemple, celle de l’achat ou pour les aliments plus rapidement périssables, celle de péremption.
Vider totalement ses contenants
Avant de remplir à nouveau son bocal de pâtes par exemple, il vaut mieux le terminer complètement au risque de se retrouver avec des aliments au fond de celui-ci qui y traîneraient pendant trop longtemps. On évite ainsi le gaspillage.
Nettoyer ses contenants
Entre chaque course, veiller à conserver ses accessoires propres. Qu’il s’agisse du tote bag ou des bocaux en verre, on les nettoie bien avant de les réutiliser.
Ranger correctement ses courses
Que l’on achète en vrac ou pas, globalement pour éviter le gaspillage il faudra veiller à bien ranger son frigo. On place les aliments les plus périssables devant pour les manger en priorité, on évite de les laisser à l’air libre dans le frigo...
Le zéro déchet, uniquement dans les enseignes spécialisées ?
Si le choix est souvent plus large dans les enseignes spécialisées, les dispositifs d’achat en vrac se répandent de plus en plus, jusque dans les grandes surfaces. On peut toutefois privilégier le boucher du quartier, le primeur, le boulanger et le poissonnier, puis se rendre dans des enseignes spécialisées pour se fournir en céréales, farine et autres produits liquides.
Pour s’y retrouver, quelques sites internet permettent de se renseigner sur les rayons d’achats en vrac autour de soi. L’association des professionnels du secteur Réseau Vrac propose par exemple une carte répertoriant l’ensemble des épiceries disponibles autour du monde. L’association Mieux Trier à Nantes a elle aussi mis en place sa "CartoVrac".
Enfin, des enseignes spécialisées en ligne se multiplient elles aussi, permettant d’acheter en vrac (et généralement aussi en circuit court). On peut alors se faire livrer ses courses à domicile, ou aller les chercher sur place. C’est le concept du drive.
Que faire des emballages restants ?
Et pour les derniers emballages restants après des courses (presque) zéro déchet ? Le tri sélectif peut parfois s’avérer être un vrai casse-tête... Récemment, le gouvernement a simplifié les consignes de tri dans le cadre de la loi pour l’économie circulaire, les étendant ainsi à de nouveaux déchets. S’il faut toutefois toujours se référer aux spécificités mises en place dans sa commune, on peut globalement jeter dans la poubelle jaune ses cartons, papiers et désormais de nombreux emballages plastiques.
Il faudra toujours penser à y jeter des déchets qui ne soient pas souillés, les cartons repliés - pour éviter d’encombrer le container - et enfin le tout, tel quel, sans sac poubelle. En cas de doute quant à la recyclabilité d’un déchet, pensez à vous référer à son étiquette : les fabricants français ont l’obligation de le mentionner.
S’y retrouver parmi les logos
Recyclable
Il est le symbole universel des matériaux recyclables depuis 1970. Un chiffre à l’intérieur de l’anneau indique le pourcentage de matière recyclée qui entre déjà dans la composition du produit.
La poubelle barrée
On la retrouve sur les produits électriques, les piles et les accumulateurs. Sa signification : ces produits ne doivent pas être jetés avec les ordures ménagères mais être collectés séparément.
Le Tidy man
Ce logo vise simplement à nous inciter à jeter dans une poubelle les emballages et conditionnements des produits après consommation.
Le point vert
Le point vert ne signifie pas que le produit est recyclable et pourtant, on le retrouve sur 95 % de nos emballages... Il signifie que l’entreprise qui met en vente ce produit participe financièrement à la collecte, au tri et au recyclage des emballages.
Le triman
Symbole qui indique que le produit recyclable doit être trié ou rapporté dans un point de collecte pour être recyclé. Il est obligatoire depuis janvier 2015 sur tous les emballages et produits recyclables sauf le verre, sur les notices ou tout autre support dématérialisé.
Verre recyclable
Ce logo indique que le verre qui constitue le produit est recyclable. Rien ne garantit que le produit sera obligatoirement recyclé.
Aluminium recyclable
Ce symbole signifie que le produit ou l’emballage est constitué d’aluminium, un matériau qui peut être recyclé. Rien ne garantit qu’il sera obligatoirement recyclé.
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