Pollution numérique : quels enjeux ?
Pollution numérique : quels enjeux ?
[Cet article a été initialement publié dans le guide IDÉES PRATIQUES #5: L'écologie à la maison, réalisé par ID L'Info Durable.]
Qu’est-ce qui pose concrètement problème dans notre utilisation du numérique à la maison ? Quelles sont nos mauvaises habitudes, en somme ?
Je vais élargir la problématique, parce que les impacts environnementaux de la pollution numérique augmentent sans cesse et l’utilisation du numérique quotidiennement à la maison ou dans la sphère professionnelle est en lien étroit avec la problématique du réchauffement climatique.
Ce secteur consomme beaucoup de données mais aussi beaucoup de métaux qui sont nécessaires pour la fabrication des produits high-tech comme les smartphones qui sont composés d’au moins 70 matières différentes. Même si cela ne concerne pas directement l’utilisation du numérique dans la maison ou globalement en France, il est nécessaire de rappeler que l’extraction de ces matières premières a des impacts sociaux et environnementaux. L’impact de cette extraction sera présent indirectement dans les objets connectés que nous utiliserons. C’est ce que nous appelons le sac à dos écologique d’un produit.
Quant aux habitudes, je ne dirais pas que ce sont des mauvaises habitudes, ce sont surtout des utilisations quotidiennes qui vont impacter indirectement l’environnement. Cela commence avec l’achat et le renouvellement des smartphones même lorsqu’ils fonctionnent toujours. Le streaming, les vidéos, la surutilisation des réseaux sociaux en partageant et en regardant des vidéos de façon aléatoire et avec une lecture automatique à haute définition, les mails et leur stockage dans les boîtes de messagerie, la box Internet qui reste en veille et qui consomme la même quantité d’énergie que lorsqu’elle est active…
Avez-vous quelques chiffres à nous fournir pour prendre la mesure de l’impact du numérique sur notre environnement ?
La pollution numérique est responsable aujourd’hui de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre : c’est plus que le secteur aérien. Et avec la forte augmentation des usages, nous présageons une multiplication de cette empreinte carbone d’ici 2030 avec 8 % des émissions. Le numérique représente en France 2 % des émissions et cela ne fera que doubler d’ici dix ans également. Par exemple, le streaming vidéo et le partage de vidéos représentent au total 80 % des flux de données. Les vidéos en ligne représentent 60 % du flux mondial de données et sont responsables de 1 % des émissions mondiales de CO2.
L’envoi des mails correspond à une part non négligeable également : un e-mail représente entre 4 et 50 g de CO2 par an. Son impact dépendra du poids des pièces jointes mais aussi du nombre de destinataires. Lorsque le mail est destiné à 10 personnes, son impact sera multiplié par 4 et une grosse partie de l’impact résulte des data centers qui réceptionnent et traitent ces messages.
Comment peut-on agir à son échelle pour faire la différence ?
Il faut commencer par faire durer les objets que nous utilisons. Pour cela, il est conseillé d’éviter de remplacer régulièrement les équipements numériques, surtout lorsqu’ils fonctionnent bien. Il est préconisé de les entretenir, de les réparer pour réaliser des économies. Faire durer ces équipements est un geste très efficace pour réduire leur impact environnemental. Il faut aussi penser au recyclage de ces objets connectés qui regorgent de différentes matières premières précieuses.
À la maison, il faut veiller à éteindre la box Internet et à utiliser le Wi-Fi plutôt que la 4G. À désactiver la fonction de lecture aléatoire sur les réseaux sociaux et à regarder des vidéos en plus basse qualité. À écouter la musique en mode streaming audio et à ne pas les écouter en format vidéo. Également, lorsque vous utilisez un ordinateur, il faut limiter le nombre de programmes ou d’onglets ouverts. En somme, pour limiter cette pollution numérique, il faut un modèle d’économie circulaire renforcé par une approche d’éco-sobriété.
Propos recueillis par Abdessamad Attigui.
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